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 Five Times Elena Used Her Shikai and One Time She Didn't

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Kyle

Kyle


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Five Times Elena Used Her Shikai and One Time She Didn't  Empty
MessageSujet: Five Times Elena Used Her Shikai and One Time She Didn't    Five Times Elena Used Her Shikai and One Time She Didn't  Icon_minitimeLun 27 Jan 2014 - 18:20

Spoiler:


1.

La première fois qu'elle entendit le murmure de son zanpakuto, elle ouvrit les yeux dans une clairière.

La scène aurait pu être parfaitement normale si Elena ne s'était pas trouvée une seconde plus tôt sur un terrain d'entrainement de la Treizième Division. Avec lenteur, elle se releva. Elle avait le sentiment de s'être réveillée d'un long et profond sommeil. Ses membres lui paraissaient lointains, lourds et cotonneux, sa tête tournait vaguement. Il y avait dans son oreille un incessant gémissement, comme ce sentiment d'entendre la mer au fond d'un coquillage, sauf qu'elle, c'était le pouls de la terre qu'elle pressentait.

Elle avait toujours son katana en main, la pointe trainant dans l'herbe humide.

- C'est un peu ordinaire comme monde intérieur, commenta Elena à voix haute.

Personne ne lui répondit. Elena jeta un regard suspicieux à son sabre.

- Okay... Et je suis sensée faire quoi maintenant?

Devant ses yeux, il y avait un chêne immense, noueux et centenaire, ses branches s'étirant à l'infini vers le ciel. Avec son feuillage, il formait presque une voûte qui ne laissait passer que de fins rayons dorés.

- Est-ce que c'est toi? demanda Elena.

Le vent mugit dans ses feuilles, ses branches craquèrent et le sol sembla onduler comme si les racines qui serpentaient au-dessous se mouvaient soudainement. L'écorce de l'arbre frémit, une petite vague déformant sa surface. Bientôt, un visage humain se définit, deux larges yeux clairs s'ouvrirent et une jeune fille, presque une fillette, se détacha complètement du tronc.

Elena la regarda s'avancer, pâle et teintée de la forêt, noueuse comme l'écorce, souple comme les racines.

- Je sais qui tu es, fit Elena, doucement.

La jeune fille pencha la tête et dans son regard miroitant, il y avait l'éclat de la curiosité qu'Elena connaissait si bien.

- Alors, quel est mon nom? répondit-elle d'une voix basse, portée par le bruissement des feuilles.

Elle savait, elle l'entendait résonner dans tout son être, incompréhensible, puis de plus en plus près, de plus en plus net-

- Quel est mon nom?
- Shirayuri.


2.

Elena entrouvrit un oeil. La jeune femme l'observait avec un sourire, bras croisés. Elle portait aussi l'uniforme des Shinigami, le même qu'abordait Elena à quelques ajouts personnalisés près. Elena connaissait ce visage: Lydia Morelli, fille d'une petite famille noble, neuvième officier de la Huitième Division.

- Oh, bonjour, dit Elena en se redressant pour s’incliner. Elle rangea par le même fait son zanpakuto dans son fourreau, coupant court à sa méditation.

L'autre lui renvoya un léger hochement de tête, puis s'approcha d'un pas tranquille.

- Pardon de t'avoir dérangée dans ton entrainement. J'étais juste curieuse de voir ce qu'un membre du Gotei 13 faisait sur le terrain de ma famille.
- Votre famille? fit Elena, surprise. Oh, je suis vraiment désolée, j'en avais aucune idée.
- Quel est ton nom, ta division et ton rang?
- Elena Morin, treizième officier de la Treizième Division.

Le sourire de Lydia Morelli s'agrandit alors.

- Ah, je suis Lydia Morelli, neuvième officier de la Huitième Division, se présenta-t-elle (inutilement, mais Elena ne vint pas préciser ce détail).  J'ai entendu parler de toi. Récemment promue?
- Il y a une semaine, répondit Elena sans pouvoir empêcher son sourire content.
- Ne va pas le répéter, mais mon capitaine était très déçu que tu ne te sois pas retrouvée chez nous après ta graduation, glissa Morelli, moqueuse, et Elena lâcha un rire.
- Je crois savoir pourquoi le capitaine Kyoraku était déçu et ce n'était pas vraiment à cause de mes bonnes notes.
- Pas seulement à cause de tes bonnes notes, c’est vrai. Mais quand même, reprit l'autre, plus sérieuse, l'une des premières de la classe avancée, c'est impressionnant. Félicitation pour la promotion d'ailleurs. Je pense que tu n'as pas fini d'en recevoir, lança-t-elle ensuite avec un clin d'oeil.

Elena sentit ses joues se réchauffer, une timidité inhabituelle sur son expression ravie.

- Merci, c'est beaucoup d'honneur de la part de Lydia Morelli, répondit Elena, à moitié taquine. Vous n'étiez pas en reste non plus.
- Je n’étais pas aussi douée que toi.

Le regard brillant, Elena eut un sourire plus mince, plus discret.

- Vous étiez l'une des sixième années qui ont escorté pour la première fois ma classe dans le monde des humains. Je me souviens avoir pensé à quel point c'était impressionnant de vous voir trancher des Hollows comme de rien, avoua Elena.

Lydia Morelli brandissant une lame était une image dont son esprit ne se départirait jamais. (Lydia Morelli tout court était une image dont son esprit ne se départirait jamais, mais ce fait, c’était autre chose.)

- Merci, fit la concernée, sobrement. Je me souviens aussi de toi. Tu étais bonne, mais tu prenais un peu trop de temps à parler avec les âmes avant de les purifier.
- C'est ce qu'on m'a dit, rit Elena. C'est juste que... Vous n'êtes pas curieuse de savoir ce qui est arrivé à tous ces gens? Notre profession est très détachée, très...
- Militaire, c’est vrai. C'est ce qu'on est, rappela Morelli. Des soldats.

Elena considéra la jeune femme et ses yeux aciers intransigeants, cette bouche solidement courbée. Lydia Morelli ne s'y trompait pas; elle pouvait être la meilleure partenaire de beuverie du lieutenant Matsumoto, mais elle savait où elle se tenait et sa discipline était de fer. C'était une force de conviction qu'Elena pouvait admirer.

- Je crois qu'être Shinigami, c'est beaucoup plus que ça, répliqua Elena. On sert avant tout à maintenir l'équilibre spirituel de l'univers. Et je trouve que beaucoup de gens semblent oublier qu'on n'est pas que de la chair à canon.

Il lui arrivait souvent de repenser à ses choix, à son entrée dans le Gotei 13. Elle aurait voulu qu'il y ait d'autres manières d'exploiter son reiatsu plutôt que de le mettre automatiquement au service d'une prétendue armée.

Elle garda ce restant de pensée pour elle, ne sachant pas à quel point elle pouvait se confier à cette femme qu'elle connaissait à peine.

- J’aime être Shinigami, reprit Elena. J’aime ça pour ce que c’est, c’est tout. Si vous voyez ce que je veux dire.

L’autre officier la fixait en silence et Elena ressentit un vague embarras en se demandant si elle n’avait pas trop parlé malgré tout. Puis, les lèvres de Morelli s’étirèrent en un sourire, un petit mouvement satisfait, et elle haussa une épaule.

- Tu n’as pas tort, répondit-elle. Avec une mentalité pareille, je suis surprise de te voir viser les grades.
- Une fille n’a pas envie de balayer les quartiers de sa division pour toute son existence, blagua Elena. Et puis, qui n’a pas envie de découvrir toute l’ampleur de son potentiel?
- J’ai très certainement envie de découvrir le tien, lança Morelli et elle déposa une main sur le manche de son zanpakuto, son sourire s’aiguisant d’un air plus défiant.

Elena la regarda avec surprise. Elle lui proposait un match là, maintenant, sur ce terrain? C’était un revirement pour le moins inusité. Vu l’acquisition récente de son shikai, Elena ne se sentait pas très à l’aise à l’idée de diriger son zanpakuto contre un autre Shinigami pour le moment encore. Chose dommage, car elle aurait apprécié apercevoir celui de Lydia Morelli.

- Tu étais justement en train de t’entrainer n’est-ce pas?
- Si, enfin, je méditais avec Shirayuri, mais…
- Allez, je suis très intéressée à voir ce nouveau shikai, insista Morelli. On n’est pas obligées de se faire un match à proprement dit. J’aimerais juste une démonstration, si tu as encore un peu de temps libre devant toi.

Elle relâcha sa propre épée, recula d’un pas comme pour donner à Elena l’espace suffisant pour dégager son shikai.  Sa bouche était jolie, un peu trop sûrement, et elle était en train de sourire avec ses lèvres pleines et rosées et toute son allure dangereusement invitante. Elena ravala sa salive.  

- Okay. Juste une démonstration, ça me va, déclara-t-elle. Je ne suis pas encore tout à fait habituée, alors ne soyez pas trop dure, Votre Honneur.

Le regard de Morelli était à la fois une pression très motivante et très crispante. Elena avait le fin sentiment qu’elle avait un certain standard à atteindre, des attentes à surmonter pour faire face à l’inévitable jugement à venir. Déposant une main sur son katana, elle le tira lentement de son fourreau. Sur le métal reluisant, elle vit son propre regard déterminé et, l’espace d’un instant, le bref reflet de la sylphe qui vivait en elle. Elena sourit, pressentant le bouillonnement de son énergie spirituelle, les mots qui se bousculaient contre ses lèvres, déjà si familiers.

- Enracine-toi, Shirayuri.

Son zanpakuto s’illumina et la lame s’effrita, ne laissant que le manche entre ses doigts. De celui-ci, une flopée de racines brillantes se déployèrent et glissèrent sur le sol. Elles remontèrent, se dressèrent en l’air partout autour d’elle comme prêtes à l’envelopper dans un cocon.

- Zanpakuto de type terre huh?

Elena opina la tête, puis agita le manche et Shirayuri agit aussitôt de concert avec son impulsion. Les racines plongèrent dans le sol, firent vibrer et craquer la terre, et elles resurgirent en cercle à distance raisonnable de Morelli. Elena se permit un sourire discret en voyant l’officier poser une main sur le manche de son propre zanpakuto par réflexe.

- Pas mal, siffla Morelli avec un regard intéressé vers les racines qui se mouvaient toujours. Pour quelqu’un qui en est à ses débuts, tu m’as l’air d’avoir un bon contrôle.
- Pour les déplacements, je suis plutôt à l’aise, expliqua Elena en rappelant Shirayuri vers elle. C’est plus… le dosage de la force qui me pose encore problème.

Elle toucha délicatement l’une des racines de son shikai qui frémit de contentement. Avec un rire léger, Elena ajouta :

- Elle est ravie que je la sorte enfin, on dirait.
- Tu médites beaucoup avec elle?
- Oui, le plus souvent possible. J’apprends à la connaitre, petit à petit.
- J’aurais aimé comparer avec mon Ryusei, déclara Morelli avec un petit rictus contrit, mais malheureusement j’ai déjà trop trainé. Si mon lieutenant me trouvait, elle me tirerait par la peau du cou dans le Seireitei.
- Dure vie d’officier, je commence tout juste à la connaitre, blagua Elena.

Comme si l’image était revisitée dans le sens inverse, les racines se rétractèrent dans le manche de son zanpakuto et la lame se reforma. Elena rengaina son épée, le pouvoir de Shirayuri à nouveau scellé.

Elle redressa les yeux pour voir Morelli qui s’attardait sur elle, l’air amusée. Ses cheveux sombres virevoltaient contre son visage sous l’effet d’une brise légère et tout le reste était immobile. Elena rattrapa une mèche rousse échappée de sa queue de cheval et la glissa derrière son oreille. Son autre main frémissait contre les pans de son hakama.

- Si vous voulez, lança-t-elle avec un courage timide, j’ai l’habitude de m’entrainer le mercredi soir sur le terrain de la Treizième Division. On pourrait comparer à ce moment.
- On pourrait, répondit Morelli et elle avait un sourire taquin et elle était belle à en mourir.

Le cœur battant, le visage d’Elena se dévoila en une expression réjouie.

- N’atteins juste pas le bankai avant mercredi ou sinon je vais revenir sur ma décision, plaisanta Morelli.
- Je vais faire attention, promis! Vous devriez aller retrouver le lieutenant Ise avant qu’elle ne vous fasse un sermon normalement réservé au capitaine Kyoraku.

Lydia Morelli poussa une exclamation faussement paniquée, puis hocha la tête avec un rire qui contamina bien fait Elena. Usant du shunpo, Morelli eut tôt fait de disparaitre hors de sa vue en deux pas.

Elena se laissa tomber dans l’herbe et releva la tête vers le ciel bleuté. Elle ressortit sa lame de son fourreau et l’observa d’un œil méticuleux.

- Okay Shirayuri, déclara-t-elle à son égard avant de la reposer entre ses genoux. C’est reparti.


3.

Une pression spirituelle impressionnante la percuta au même moment où le détecteur de Hollows sur son denreishinki se mettait à claironner. Elena jeta un regard sur l’écran, repérant la source de la perturbation à quelques kilomètres devant. Elle s’élança dans les airs avec toute la rapidité de son shunpo.

Au beau milieu d’un quartier résidentiel, un énorme Menos Grande descendait lentement du ciel. Elena freina, sa main tirant sans attendre son zanpakuto hors de son fourreau. La créature était grotesque : haute sur plus de dix mètres, son visage –si on pouvait l’appeler ainsi- était celui d’un crâne blanc au nez ridiculement long et pointu, et son corps difforme s’étirait comme s’il était revêtu d’une robe noire mouvante. Elena en avait vu de nombreuses images dans les bouquins de l’Académie, mais il s’agissait de la première fois qu’elle apercevait un véritable Menos Grande sous ses yeux. Ce n’était pas l’expérience d’une vie, pensa-t-elle avec ironie.

D’ordinaire, les Menos Grande ne réussissaient à franchir la frontière entre le Hueco Mundo et le monde des humains que lorsqu’il y avait une perturbation notable dans l’un ou dans l’autre. Généralement, on parlait d’une accumulation anormale de petits Hollows dans le monde humain au même endroit. Les Menos se nourrissaient d’autres Hollows pour survivre, mais aussi accroitre leur puissance. À ce que l’on disait, ils étaient aussi bêtes comme tout et ne songeait justement qu’à manger.

- Ici Elena Morin, neuvième officier de la Treizième Division, déclara Elena dans son denreishinki qui la connectait à la Soul Society. J’ai un Menos Grande à signaler devant moi. Aucune trace d’attroupement d’Hollows, par contre.  
- Roger, on fait passer le message aux Services secrets royaux. Reste en stand-by, mais ne te fais pas voir ni sentir. Et surtout, ne sois pas stupide au point de l’attaquer directement, ajouta la voix avec agacement.

Posant pied à terre, Elena se cacha plus loin derrière une demeure. Le soleil était en train de tomber et il y avait quelques enfants dans la rue qui ignoraient absolument tout du danger planant juste au-dessus. Théoriquement, les Hollows n’attaquaient pas les vivants, que les morts et les humains avec une énergie spirituelle, un reiatsu assez élevé pour être notable. Chose rare d’ailleurs et personne dans le coin ne semblait correspondre à cette catégorie.

- Pourquoi est-ce que c’est là?, lança Elena en l’air, entre ses dents. Y’a pas de Hollows ni d’âme ni même…

La créature poussa un rugissement, sorte d’ultra-son aigu qui secoua Elena et l’écrasa dans un afflux de pression spirituelle. Elle s’appuya contre le mur, le souffle plus court. Une main osseuse, gigantesque, agrippa le toit de la demeure sous laquelle elle s’était cachée et la silhouette immense du Menos se pencha vers elle. Les ongles blancs crissèrent, firent sauter quelques tuiles du toit qui tombèrent avec fracas autour d’Elena.

Oh. Erreur de débutante, elle était restée bien trop proche. Le Menos l’avait sentie, évidemment qu’il l’avait sentie, elle était le seul être possédant un reiatsu digne de son nom dans les environs. Ce n’était pas exactement comme si Elena ne s’attendait pas à finir poursuivie.

À toute vitesse, Elena s’éloigna en zigzagant dans les airs. Le Menos Grande avançait rapidement grâce à l’amplitude terrible de son corps et elle le sentait avaler la distance derrière elle. Elle accéléra le pas, se maudissant d’avoir négligé son entrainement au shunpo.

Les membres des services secrets prenaient leur pied là où ils étaient, visiblement.

- Heu hello? Est-ce que les renforts arrivent bientôt?, lança-t-elle dans l’émetteur.  
- Ils sont en chemin. Je t’avais dit de ne pas te faire remarquer, grommela l’autre. Essaie de le conduire dans un endroit désert en attendant. Ne l’attaque surtout pas ou sinon il risque de te balancer un Cero en plein visage.
- Pourquoi est-ce qu’il est là? C’est à cause de moi? ¸
- C’est une irrégularité, il n’est pas supposé être là, lui répondit platement l’homme.
- J’avais au moins compris ça, marmonna Elena en glissant le téléphone dans sa ceinture.

Elle s’élança au-dessus d’une forêt, se laissa tomber jusqu’à disparaitre entre les arbres. Elle poursuivit sa course au sol, sachant que sa couverture ne lui gagnerait qu’un temps superficiel. Derrière elle, le Menos poussa à nouveau son cri strident. Son corps massif passait au travers des arbres sans ralentir son rythme.

Les pas d’Elena la conduisirent devant un marais qui s’enfouissait dans la forêt. Recroquevillés contre un arbre, un jeune homme et une petite fille se tenaient serrés l’un contre l’autre. L’enfant pleurait et le garçon tremblait en l’enveloppant péniblement dans ses bras. Une chaine tranchée reposait sur chacune de leur poitrine. Des âmes perdues, juste ce qu’il lui fallait.

Avec Menos si près, Elena se demanda si elle aurait le temps de les purifier. Elle ne pouvait pas non plus laisser ces pauvres âmes se faire dévorer par le Hollow.

- Hey vous, s’exclama-t-elle en arrivant à leur hauteur.

Ils relevèrent deux visages interloqués vers elle; sans doute était-ce la première fois qu’on leur adressait la parole depuis qu’ils avaient malencontreusement coulé dans ce marais. (Elle assumait qu’ils s’étaient noyés, puisque c’était si fréquent de retrouver les âmes accrochées à l’endroit de leur mort.) Cependant, les explications allaient attendre. Elle éleva son zanpakuto et les deux enfants la fixèrent avec horreur, mais ce fut le manche qu’elle tourna vers la fillette pour tapoter son front. L’enfant fut enveloppée d’une douce lumière et elle s’évapora doucement, ses particules spirituelles faisant leur chemin vers la Soul Society.

Elena se tourna vers le garçon avec l’intention d’en faire de même, mais celui-ci poussa un cri de rage et de terreur mélangés et se jeta sur elle. Elle stoppa de justesse son élan d’une main sur son épaule.

- Qu’est-ce que tu as fait à ma sœur?, s’écria celui-ci, le visage crispé de fureur en se débattant. Qu’est-ce que tu as fait à ma sœur?!
- Je l’ai envoyée là où elle doit être, s’exclama Elena en retour. Je veux faire pareil avec toi pour que tu puisses la rejoindre! Calme-toi un…

Ce fut l’arrivée du Menos qui interrompit la Shinigami; elle s’était déjà trop attardée.

Prise de court, Elena ne réfléchit pas davantage. Elle relâcha le garçon qui s’était paralysé devant l’horrible silhouette se déferlant sur eux, puis empoigna son zanpakuto à deux mains pour évoquer son shikai.

- Enracine-toi, Shirayuri!

Sa lame se décomposa dans une gerbe de lumière. Le Menos était juste devant, son corps courbé vers eux et ses longues dents comme des os fossilisés s’ouvrant sur un abysse noir. Il fut percuté de plein fouet par les racines de Shirayuri. Celles-ci s’enroulèrent autour de lui, lui emprisonnant ses longs bras difformes contre son corps. Elles le tirèrent vers le bas, le forcèrent à se plier jusqu’à s’écrouler tête la première au sol. Une quantité de racines surgirent de terre et l’enserrèrent furieusement. Le Menos se débattit, le mouvement lent mais puissant, et ses bras se courbèrent, s’arrachèrent non sans mal aux racines qui le clouaient.

Elena bougea son manche, évoquant plus de racines à chaque fois que l’une d’entre elles se brisait. Avec son corps, elle faisait écran au garçon qui n’avait toujours pas bougé.

- Sauve-toi!, hurla-t-elle, même si cela signifiait qu’elle n’arriverait peut-être pas à le retrouver. Elle préférait qu’il ait la chance de se faire purifier plutôt que de finir comme constituant d’un Menos Grande.

Un bouillonnement d’énergie spirituelle ramena son entier focus sur la créature qui se tortillait. Au niveau de la bouche, une boule de reiatsu grossissait peu à peu.

- Oh merde, jura Elena en réagissant au quart de tour.

Elle attrapa le garçon par le bras et piqua un sprint doublé de shunpo vers le haut. Le Cero, immense rayon dévastateur d’énergie, fit trembler la forêt derrière elle. Elena ne se retourna pas pour voir l’amoncellement d’arbres effondrés et le long cratère creusé dans le sol sous le coup de l’attaque. Le Menos était dangereusement puissant, au point de pouvoir causer du tort même au monde matériel. Elle sortit son denreishinki, le coinça contre son oreille pour s’écrier :

-Les renforts, ils arrivent ou non?!

Le garçon à son bras eut un soubresaut. Lorsqu’Elena tourna la tête vers lui, elle vit son corps maigre transpercé d’une longue langue blanchâtre et ses yeux écarquillés dans une folle terreur. Elle laissa tomber son communicateur.

- Non!, cria-t-elle, horrifiée en sentant sa poigne sur l’âme tremblante se défaire. Non!

Elle n’eut pas le choix de lâcher le garçon sous peine d’être entrainée avec lui, la force d’attraction du Menos étant trop grande. La créature l’écrasa sans pitié entre ses dents dans une éclaboussure écoeurante de sang. Celle-ci s’était redressée hors de Shirayuri, autant plus immense et en colère.

- Merde, merde, merde, jura Elena, prise d’une nausée qu’elle devait ignorer.

(À chaque échec, à chaque âme perdue par son incapacité à protéger, le coup était difficile à encaisser.)

Dans un dernier élan rageur, elle se tourna face au Menos Grande et déploya Shirayuri dans toute sa vigueur. Le Hollow fut enseveli sous d’épaisses racines le serrant encore, encore et encore. Le visage crispé par l’effort, Elena éleva sa main libre et prononça rapidement la première incantation offensive de kido qui lui vint en tête.

- Hado no sanju ichi : Shakkaho!, cria Elena et une boule de feu jaillit de sa main pour aller s’écraser de plein fouet sur le corps massif du Menos.

Le sort provoqua une mince explosion qui déséquilibra un instant la créature. Celle-ci hurla de nouveau, un second Cero se reformant trop rapidement devant sa bouche. Déterminée à l’empêcher de tirer, Elena puisa dans ses dernières forces pour le tirer vers l’arrière. Shirayuri peinait tout autant qu’elle; elle la sentait lutter au fond de son âme et son énergie spirituelle pulsait de concert avec la sienne.

Des racines s’infiltrèrent par le large trou, symbole de Hollowfication, qui ornait le corps de la créature. Shirayuri maintint son emprise, puis se mit à écarter lentement, difficilement, dans l’intention sans doute désespérée de déchirer le Menos en morceaux.

Elena poussa un cri, un hurlement lui grattant le fond de la gorge : Shirayuri plongea ses racines à l’intérieur du corps du Menos. Celui-ci lâcha son dernier Cero en l’air, le jet de lumière montant en une colonne destructrice.

La structure gigantesque du Menos se fissura, éclata en une vague illuminée d’énergie spirituelle. Il disparut, purifié.

Elena sombra dans l’inconscience et se mit à tomber.


4.

Les racines de Shirayuri ondulèrent sur et sous la terre, alors que Kyle bondissait sur celles-ci avec agilité. L'une d'elle, traitresse, l'attrapa par la cheville et l'envoya culbuter en l'air. Le Shinigami stoppa sa chute en solidifiant de justesse le reiatsu sous ses pieds. La tête dressée vers lui, Elena lui tira la langue.

- Tu manques d'entrainement on dirait, railla-t-elle de bon coeur.
- Ah oui? Allez, on se la refait, répliqua Kyle en faisant tournoyer Senryoku, son long zanpakuto à deux lames, entre ses mains.
- Shirayuri!, s'exclama Elena sans attendre et les racines jaillirent du sol vers Kyle qui sauta plus haut encore, grimpant d'invisibles escaliers pour échapper aux pointes fluides.
- T'as même pas dit "go"!
- GO!

Shirayuri poursuivit Kyle avec un amusement évident. Ses racines lui faisaient la course avant de bloquer son passage pour le forcer à bondir par-dessus, où il s'élançait d'un coup de pied bien placé, se volatilisant en deux trois pas de shunpo. Il atterrit derrière Elena, suspendu la tête à l'envers avec l'une des extrémités de Senryoku plantée au sol.

- Et dix points pour la forme, lança une voix féminine à l'autre bout du terrain.

Le visage d'Elena s'illumina en apercevant la nouvelle venue. Elle rappela Shirayuri à elle, puis s'élança dans sa direction.

- Lydia!
- Hey, la salua-t-elle, un sourire doux se glissant sur ses lèvres. Je me suis échappée quelques instants de mon lieutenant.
- C'est une routine chez toi d'interrompre mes entrainements, avoue-le, taquina Elena.

Lydia jeta un coup d'oeil de biais vers Kyle, son sourire se faisant rictus.

- Ah, alors c'était un entrainement et pas un spectacle de gymnastique?
- On n'a pas tous des zanpakuto cracheurs de météorites, blagua Elena.

S'attardant sur les lèvres de Lydia, elle se dressa sur la pointe des pieds pour les embrasser à sa hauteur.

- Alors comme ça, on parle de te faire une promotion, lui glissa sa petite amie à l'oreille. Je t'avais dit que tu ne ferais que les accumuler.
- C'est à cause du Menos Grande, expliqua Elena avec un certain contentement.

Elle s'y attendait un peu, on lui avait maintes fois répété que ce qu'elle avait accompli était très impressionnant. Le capitaine Ukitake était venu la féliciter et s'enquérir de son état en personne; il avait alors mentionné alors la possibilité de lui offrir un meilleur siège. Le souvenir de son affrontement n'en était pas un qu'elle chérissait, toutefois Elena restait fière de sa réussite. Thomas Sullivan de la Douzième Division l'avait sermonné pour avoir perdu son denreishinki, mais c'était la moindre de ses préoccupations.
( L'enfant broyé par les dents du Hollow était une horrible gravure de plus parmi ses autres inévitables échecs.)

- Et de ta formidable capacité à remplir de la paperasse, renchérit Lydia.
- Ça aussi, évidemment. Ton capitaine et ton lieutenant rêveraient de m'avoir dans votre division, n'est-ce pas?
- C'est surtout moi qui aimerais, fit Lydia, une moue capricieuse aux lèvres.

Rieuse, Elena l'embrassa à nouveau.

- Mais je suis toujours dans ta chambre de toute façon, souffla-t-elle.
- Pas assez, il faut croire.
- Je ne sais pas trop, me faire saluer chaque matin par le capitaine Kyoraku et ses "bonjour, jolie demoiselle" comme si je ne lui avais pas dit dix fois que je m'appelais Elena Morin...
- Il s'ennuie, que veux-tu. Il s'amuse comme il peut. Il me propose constamment des fêtes de beuveries.
- Et tu y vas?
- Évidemment, répondit Lydia sur un ton nonchalant. Il faut bien que je trouve une façon d'éviter aussi la paperasse sans me retrouver à interrompre l'entrainement de ma petite-amie à tous les coups. Puis, Legan ne me pardonnerait pas de les rater, ajouta-t-elle en plaisantant.
- Bien sûr.

Les mains de Lydia encerclèrent ses hanches et elle pencha sa tête pour frôler son front.

- Attention ou tu vas obtenir un siège plus haut que le mien et je vais devoir recommencer à m'entrainer sérieusement.
- Arrête, j'ai vu tes sessions avec ton frère. Tu vises le bankai, pas vrai?

Lydia sourit, faussement coupable. Ses yeux gris brillaient.

- Éventuellement. Je me donne du temps. Tout le monde raconte que ça prend au minimum cinquante ans.
- Sauf si on parle de petits génies dans le genre du capitaine Hitsugaya.
- Par exemple. En tout cas, je suis prête à prendre le pari, fit Lydia, plus fermement.
- Lydia Morelli, capitaine du Gotei 13, huh, rit Elena. Ça sonne bien.
- N'est-ce pas?

Sa petite amie se recula alors avec un regard vers Kyle assis en tailleur qui avait son zanpakuto retourné sous sa forme de katana planté devant lui. Embrassant le coin des lèvres d'Elena, Lydia lui lança:

- Je vous laisse à votre entrainement, je dois retourner dans la baraque de la Huitième.

Elena attrapa sa nuque pour lui donner à son tour un bref baiser, puis la relâcha dans un soupir. Il y avait un goût feint de baume à la vanille sur la bouche de sa petite amie et elle était heureuse d’en conserver discrètement la trace avec elle.

Alors que Lydia tournait les talons, un détail lui revint.

- Hé Lydia! Le poste qu’on m’a offert, c’est celui du huitième officier!  

Lydia Morelli, neuvième officier de la Huitième Division, lui fit les yeux ronds et Elena éclata de rire.


5.

Le Seireitei était plongé dans le chaos. Un petit groupe d'intrus, des humains à ce que l'on racontait, avait pénétré la Soul Society jusqu'à l'intérieur même du Seireitei. L'alerte générale avait été sonnée et des unités de Shinigami avaient été dispersées à travers les rues pour les dénicher. La rumeur filait rapidement et déjà, on parlait de monstres qui auraient massacré plusieurs officiers sur leur passage et qui en auraient capturé d’autres en guise d’otage. On disait que le lieutenant de la Sixième Division, Renji Abarai, avait été retrouvé gisant dans son sang au milieu d’éboulis. Personne ne s’entendait sur le nombre et la force de ces intrus, encore moins sur leurs objectifs. Certains commençaient même à parler d’une possible invasion.

Puis, le capitaine Aizen avait été retrouvé mort. Placardé sur la façade d'une tour blanche par la lame de son propre zanpakuto, son corps avait laissé dans son sillage une longue trace écarlate. Elena l'avait vu de loin, parmi la foule horrifiée des autres Shinigami. Elle avait aussi assisté à la confrontation entre les lieutenants Hinamori et Kira qui en étaient rapidement venus à libérer leur shikai, puis à leur arrestation par le capitaine Hitsugaya. Elena n’avait pas eu connaissance des détails, mais elle n’avait encore jamais vu une telle clameur dans le Seireitei.

Officiellement, les intrus de la Soul Society avaient été désignés comme coupables du meurtre du capitaine de la Cinquième Division. Les recherches avaient redoublés d’ardeur. Ils étaient suffisamment puissants pour assassiner un capitaine au su et à la vue de tous.

Et tout ceci coïncidait avec l’annonce publique de l’exécution à venir de Rukia Kuchiki.

Elena n’avait toujours pas encaissé la nouvelle d’ailleurs. Kuchiki était membre de la Treizième Division aussi. Elena et elles n’étaient pas très proches, mais il s’agissait d’une jeune femme dynamique et populaire dans la division, quelqu’un de bien à qui Elena n’aurait jamais accolé le titre de traitre.

Il y avait quelque chose de profondément tordu dans tout ça. Pour Elena, c’en était presque l’évidence. Une organisation militaire n’est jamais propre, ne pouvait-elle s’empêcher de penser, une organisation militaire dominée par une royauté invisible encore moins.  « L’invasion » aurait tout aussi bien pu être orchestrée de l’intérieur même de la Soul Society.

Cependant, Elena était fidèle à sa division, à son capitaine, et il était indiscutable que les intrus, ces Ryoka, avaient causé du tort au Gotei 13. La mort du capitaine Aizen était indiscutable.

Dans la foulée des événements, Elena avait été déployée dans le Seireitei pour diriger une patrouille de Shinigami. Elle n’avait pas croisé la route de Lydia, sûrement accaparée par ses propres responsabilités. Elle n’avait pas plus aperçu Beth, qui devait se trouver dans les baraques de la Quatrième à soigner les blessés qui commençaient à pleuvoir, ou encore Darren… Darren qui devait être catastrophé par la perte de son capitaine et le déraillement de son lieutenant.

Darren tenait en haute estime ses supérieurs et Elena savait intimement que de faire partie de la Cinquième Division était l’une des rares fiertés avouées de son ami. Elle aurait aimé pouvoir le rejoindre et s’assurer de son état, toutefois, elle ne pouvait désobéir à des ordres directs sans conséquence. Dans un tel climat, elle aurait pu aisément être accusée de conspirer avec les intrus si jamais elle dérogeait à son devoir.

Une explosion retentit quelques rues plus loin en direction des baraques de la Huitième Division. Elena s'élança, n'ayant que Lydia en tête. Elle courrait avec sa petite troupe sur les talons lorsque le mur à leur gauche vola en éclats.

Le souffle et les débris frappèrent de plein fouet quelques Shinigami et les envoyèrent bouler au sol. Elena pivota sur elle-même, dégainant son zanpakuto en un arc de cercle.

- Enracine-toi, Shirayuri! s'écria-t-elle sans attendre.

Dans le trou dégagé par l'explosion, un énorme jeune homme se tenait courbé. Le teint basané, les cheveux trop longs, il était clairement humain de par son habillement. Son bras droit était recouvert d'une sorte de gant rouge et noir d'où émanait un concentré impressionnant d'énergie spirituelle. Indubitablement, il s'agissait d'un Ryoka.

- Restez derrière, cria-t-elle à l'adresse de son équipe.

Shirayuri dressée et en position de défense, Elena l'observa franchir les décombres. Il lui jeta un coup d'oeil, son large point crispé. Son reiatsu bouillonnait. Elena n'eut pas de mal à comprendre qu'il frayait son chemin en détruisant les murs à coup de poing.

Il était seul, mais fort, dangereusement fort.

- Vous êtes en état d'arrestation, déclara soigneusement Elena. J'ai besoin de votre coopération. J'aimerais éviter d'avoir à me battre.
- Vous me menacez déjà, souligna l'autre sur un ton étrangement poli. Je m'excuse pour tout le désordre, mais je n'ai pas trop le choix.

Après réflexion, il ajouta lentement:

- L'homme que je viens de buter, il disait être le troisième officier... Vous êtes de quel rang, vous?

Elena pâlit, les racines de Shirayuri frémirent. Si le garçon disait vrai, elle se trouvait véritablement en danger. Un troisième officier n'avait pu faire le poids devant ce Ryoka, un être humain. C'était complètement fou. Elle se demandait s'il s'agissait du même qui avait massacré le lieutenant Abarai de la Sixième ou si chacun des intrus possédaient une force aussi incommensurable.

Serrant les dents, Elena jeta un regard derrière elle.

- Partez, partez vite! s'écria-t-elle au restant de sa troupe, à ceux qui se tenaient toujours debout. Ne vous en mêlez pas! Partez et appelez du renfort!

Elle n'allait pas les laisser faire face à quelqu'un qui pouvait affronter sans mal un troisième officier. Le combat était voué à l'échec; elle préférait le perdre seule.

- Shirayuri, tiens bon, siffla Elena, tout bas, et les racines de son zanpakuto ondulèrent d'appréhension.
- J'aurais aimé ne pas avoir à taper sur vous, fit le jeune homme avec un air presque embarrassé. Je ne tape pas sur les filles, moi...
- Je vous l'ai dit, j'ai ordre de vous arrêter. Libre à vous de vous rendre si votre misogynie vous empêche de me considérer comme un véritable adversaire, rétorqua Elena, durement.

Le garçon éleva les mains en l'air, définitivement gêné cette fois. Il était si jeune; c'était facile de voir en lui cet adolescent gauche et trop vite grandi. Si seulement il n'avait pas aussi été un tel danger, Elena aurait pu en rire.

- Mais non, je m'excuse, c'est pas ce que je voulais dire, se rattrapa maladroitement le jeune homme.
- Alors?

Il la jaugea au travers de ses mèches trop longues, puis soupira.

- J'imagine qu'on n'a pas le choix.

Une formidable montée de reiatsu glissa jusqu'à son poing et Elena ne perdit pas une seconde pour appeler Shirayuri à elle. Les racines l'enveloppèrent aussitôt, formant un cocon protecteur contre le coup qui s'abattit. Les racines se dénouèrent, se convulsèrent de douleur et Elena rouvrit les yeux au centre d'un petit tourbillon de poussière. Le jeune homme releva le poing, ferme et déterminé, illuminé comme une étoile au-dessus d'Elena.

Elle cria et Shirayuri percuta de plein fouet son adversaire. Il recula sous le choc. Les racines l'entourèrent et le serrèrent sans pitié. Elles tentèrent en vain de le coller au sol, mais la quantité anormale de son reiatsu finit par les faire lâcher prise dans une brûlante explosion.

Elena n'était absolument pas de taille.

Shirayuri, tiens bon, songea-t-elle avait force. Juste assez pour que quelqu'un ait le temps de venir. Tiens bon.

Shirayuri s'élança à nouveau.


1.

Couchée sur le lit qui lui avait été attribué, Elena écoutait distraitement les cris et protestations des hommes de la Onzième Division qui lui parvenaient depuis la chambre adjacente. Beth s'affairait à lui panser une blessure superficielle sur la jambe. La station de secours de la Quatrième Division était pleine comme jamais.

- Ils sont horribles, grimaça Beth. Ils gueulent comme ça depuis qu'ils sont arrivés et s'amusent à terroriser tout le monde. J'ai hâte que le capitaine Unohana se ramène pour leur rappeler qui mène ici.

Elena sourit vaguement. Ses yeux se posèrent alors sur son zanpakuto appuyé contre le mur. Elle n'était pas seule à avoir besoin de repos; Shirayuri s'était battue de toutes ses forces aussi.

- Est-ce que c'est vrai que le capitaine Zaraki s'est fait battre par un Ryoka?, demanda-t-elle.

Évitant de la regarder, son amie répondit sur un ton mesuré:

- Oui, c'est vrai.
- Et on ne sait pas il s'agit duquel?
- Celui qui t'a affronté est en prison. Le capitaine Kyoraku l'a ramassé sans mal.
- Ah, fit Elena, sans ressentir de soulagement particulier.

Le bandage achevé, Beth s'assit sur le coin du lit. Elena avait la tête baissée, les cheveux en désordre, éparpillés sur ses épaules et sa poitrine comme s'ils voulaient la noyer.

- Hey, ça va?, fit son amie, doucement. Je veux dire... Ce qui te tracasse, tu peux en parler si tu veux.
- Ça ne te fait pas peur?, répondit Elena après un temps. Ils sont humains, des enfants carrément, et l'un deux a réussi à vaincre le capitaine Zaraki.
- Et le capitaine Kurotsuchi, ajouta Beth, tout bas.

Elena laissa échapper un souffle choqué. Elle se passa la main sur le front, serrant l'autre contre le matelas.

- Il est en prison aussi, dit Beth. Mais il a affronté le bankai du capitaine Kurotsuchi et s'en est sorti vivant. Je ne sais pas comment il a fait pour survivre au poison. Par contre, il n'était pas un humain normal, il était un Quincy, ajouta-t-elle, après une pause.
- Il en reste? s'étonna Elena. Je croyais qu'après le génocide...
- Il en restait, faut croire. Mais il a perdu tous ses pouvoirs en combattant le capitaine.

Elena contempla ses mains en silence. Elle avait la tête qui cognait et une vague nausée. Plus rien ne collait avec l'ordre établi. Ces intrus étaient littéralement tombés du ciel pour tout foutre en l'air dans la Soul Society.

Le timing était trop parfait, le bouleversement trop radical. C'était un prélude.

- Et Lydia, elle..? Il défonçait les quartiers de la Huitième quand je lui ai fait face, reprit Elena. Je ne l'ai pas vue nulle part mais...
- Elle est passée te voir quand tu dormais, répondit Beth avec un sourire. Elle n'a pas pu rester, elle devait rejoindre sa division. Tu lui as collé une de ces frousses.

Elena hocha la tête. Certes, c'était inquiétant de savoir sa petite amie courant toujours à droite et à gauche à l'extérieur, mais tant qu'elle n'aboutissait pas dans les baraques de la Quatrième, elle ne pouvait pas être si mal.

- Je sais plus où donner de la tête, Beth, murmura Elena. Est-ce qu'on sait au moins ce qu'ils veulent?
- Aucune idée. J'ose croire qu'ils ont un but...
- Il m'a laissée en vie, il m'a à peine donné de sérieux dommages. C'était sûrement par considération, mais j'ai l'impression qu'on s'est moqué de moi.

Elle se rappela son soupir de désapprobation, son effarante facilité à désamorcer Shirayuri. Elena avait l'impression qu'un vide s'était installé en elle, un vide menaçant qui grossissait à mesure.

- En tout cas, moi je suis contente de t'avoir retrouvée en un seul morceau. Quand j'ai reçu le message qu'ils t'avaient eue...
- Beth..., fit Elena en attrapant la main de son amie pour la serrer. Je suis désolée, je n'avais pas le choix.
- Je sais, mais c'est terrifiant quand même, souffla Beth en réponse. On raconte toutes sortes de choses tu sais. Les gens commencent à se diviser. C'est comme si le Gotei 13, était en train de se fracturer.
- Et le Commandant Yamamoto, il a dit quelque chose? La position officielle?

Beth secoua la tête sombrement.

- Ça n'a pas changé. Les Ryoka sont responsables du meurtre du capitaine Aizen et il faut à tout prix les arrêter. Ceux qui sont en prison ne tarderont sans doute pas à être exécutés. Du moins, quand on jugera qu'ils n'ont rien de plus à nous dire.
- Qu'est-ce que tu en penses Beth? demanda Elena d'une voix faible, comme si elle craignait soudainement de se faire entendre par les gens qui circulaient dans la pièce. Tu ne crois pas qu'il y a quelque chose de louche dans tout ça?
- J'en sais rien, fit son amie sur le même ton. Je pense que... Ça ne m'étonnerait pas beaucoup. Si ce n'est pas déjà fait; quelqu'un, quelque part, va utiliser ces dissensions à son avantage. Quelqu'un d'autre que ces humains.

Elena n'ajouta rien, méditant sur la chose. Beth avait raison, ces événements, prévus ou imprévus, ne seraient pas laissés au hasard.

- L’exécution de Rukia Kuchiki a lieu aujourd’hui, déclara-t-elle lentement.
- Tu penses que c’est relié?
- Aucune idée. Mais je crois que ça ne se passera pas sans anicroche.

Le troisième officier de la Quatrième Division, Iemura quelque chose, surgit dans la pièce pour interpeller Beth. Il avait l’air particulièrement frustré et anxieux, le visage en sueur et les mains débordantes de feuilles de rapport.

- Ottis! Si tu as du temps pour discuter, va plutôt aider Rosama et les autres avec les sauvages de la Onzième! Ils sont en train de faire fuir tout le monde!

D’un bond, Beth se releva, s’inclinant en signe d’acquiescement. Elle se tourna vers Elena et lui lança un sourire, désignant du menton le verre et les médicaments qui trônaient sur la table de chevet.

- Prends-les tout de suite et dors un peu, ça va te faire du bien.
- Je crois que je vais en profiter pour méditer avec Shirayuri en fait, répondit Elena.
- Ne te surcharge pas. Tu es en convalescence, oublie-le pas, gronda gentiment son amie.
- Je ne vais pas m’entrainer, juste discuter.
- D’accord, d’accord, je te fais confiance. Allez, souhaite-moi bonne chance avec les monstres.

Avec un léger rire, Elena observa son amie partir. Elle n’avait pas tout à fait tort en traitant la Onzième Division de monstres, d’après le vacarme qu’ils causaient toujours dans la pièce d’à côté. Elle n’enviait certainement pas son amie là-dessus.

Reposant sa tête sur son oreiller, Elena tourna son visage vers Shirayuri. Le long katana scellé, son manche entouré de ruban vert tressé, sa forme si familière, fidèle, solide. Elle se rappelait son immense effort, la déchirure douloureuse de ses racines, le choc du poing fourré de reiatsu. Elle ferma les yeux et le vit encore, énorme et ô combien plus puissant qu’elle.

- Je m’excuse, Shirayuri, lui chuchota-t-elle. Je vais devenir plus forte, je te le promets.
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Five Times Elena Used Her Shikai and One Time She Didn't
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