Jour 2 : transformation
C’était toujours la même chose. Il y avait d’abord les murs froids et gris de sa prison, puis on l’embarrait. D’ici on ne pouvait pas voir la lune, il fallait donc attendre en silence que les effets se montrent, sans jamais pouvoir prévoir le moment fatidique. Les minutes semblaient plus longues que des heures et pourtant elles passaient si vite, trop vite. Le temps à cet endroit n’avait guère d’importance. Il n’y avait que lui et la bête qui, malgré tous ses efforts, finissait toujours par prendre le dessus.
Puis, venait le moment où celle-ci commençait à se manifester. Une douleur atroce se répandait dans tout son corps. Il pouvait sentir les changements jusqu’à la moindre petite articulation. Ses ongles pousser à une vitesse fulgurante, ses os se tordre, changer de forme et grandir, puis ses tendons et ses muscles se déchirer pour en former de nouveaux.
Toujours, il jetait un coup d’œil sur le sol où gisaient ses vêtements, sales, tordus et déchirés. La bête, elle, poussait des gémissements qui lui donnaient froid dans le dos.
Peu à peu il perdait la tête. L’oubli de son nom était toujours l’une des premières étapes. L’oubli des êtres chers à son cœur était la suivante. Il s’efforçait de visualiser leurs visages le plus longtemps possible, craignant le moment où ils s’effaceraient tous un à un définitivement, ces visages rendus presque inconnus après tout ce temps passé si loin de lui. Il perdait peu à peu le fil de sa conscience, ne comprenant plus ses propres pensées.
Il détestait crier. Il ne reconnaissait plus sa voix. Ce n’était pas la sienne.
Il ne restait plus rien qu’une bête.
Au petit matin, l’homme se réveillait.