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 HAPPY FUCKING BIRTHDAY JAY

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Legan

Legan


Messages : 50
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MessageSujet: HAPPY FUCKING BIRTHDAY JAY   HAPPY FUCKING BIRTHDAY JAY Icon_minitimeSam 18 Jan 2014 - 1:56

Spoiler:


C’était juste une soirée normale entre amis, une soirée vouée à regarder des films qui passaient à la télévision, films ennuyeux recommandés par le gouvernement sadique qui s’amusait à dire quoi penser, comment agir, qui aimer, qui tuer à ses citoyens, et aussi quels films ils devaient aimer, quelle musique écouter. Une soirée relaxante, à fumer quelques cigarettes en compagnie d’un bon ami, un des meilleurs, comme l’avait prévu Marion depuis quelques jours. Une soirée qui ressemblait à tant d’autres soirées passées à critiquer les méfaits de leurs bourreaux là-haut, quelque part au-dessus d’eux dans la grande échelle hiérarchique de la vie. Cette putain d’échelle.
Son émission de radio favorite, et surtout illégale, résonnait dans le sous-sol vide de sa grande maison vide –ses parents étaient partis pour la nuit- et était le seul son que l’on pouvait d’ailleurs vraiment entendre dans la demeure des Belzile. Il n’y avait pas beaucoup de lumières allumées non plus, il fallait économiser sur l’électricité, après tout. La petite radio émettait des sons pas très clairs, ayant du mal à capter la station interdite, la seule qui passait de la musique adéquate et qui incluait des animateurs sensés et non des illuminés esclaves du gouvernement qui étaient payés pour chialer les conneries que leurs supérieurs affiliés à ce régime dégueulasse dans un micro des heures durant. Non, les animateurs de cette émission avaient des choses à dire, des convictions. Ils étaient des rebelles.

Une sonnerie de porte interrompit son petit rituel d’un soir où elle n’avait pas grand-chose à faire, sauf attendre. La cigarette qui lui brûlait entre les doigts se retrouva bien vite écrasées parmi les restes de ses anciennes consœurs –elle fumait beaucoup trop ces temps-ci- et expira des volutes de fumée blanche qui dansèrent devant ses yeux quelques secondes, avant d’être complètement disparues, comme effacées. Elle leva ses grandes jambes croisées de sur la table, où elles étaient reposée depuis près de vingt minutes, pour déposer ses pieds sur le sol frais, fraîcheur qui transperçait ses bas fins. Elle bondit bien vite en haut des escaliers, sautant deux ou trois marches, toujours les mêmes, et arriva bien vite à l’étage supérieure et se retrouva devant la porte bien assez vite, ayant fait ce trajet tant de fois auparavant. En un rien de temps, elle ouvrit la porte rudement et offrit à son ami un grand sourire, bien contente de le voir enfin.

-T’en as mis du temps, salaud!
-Bon, calme-toi l’impatiente, je suis allé nous acheter de la bouffe mauvaise pour notre santé, tu devrais me remercier, lui répondit-il sur le même ton enjoué avec lequel la fille lui avait adressé la parole. Tes parents sont pas là?
-Non, ils sont chez mes grands-parents pour la nuit. Mon grand-père vient de sortir de l’hôpital, du coup ils veulent passer plein de temps avec lui, au cas où il pèterait au frette bientôt. Tu sais, l’inquiétude typique de gens qui ont des proches qui sont passés près de la mort, mais qu’une fois sauvés, ils oublient tout le mois d’après.
-Toujours aussi douce et compréhensive, toi.
-Ah, si tu connaissais mon grand-père. Tu l’aimerais pas non plus.

Vincent venait d’enlever ses souliers, il les plaçait maintenant à côté des nombreuses autres paires qui appartenaient à la jeune femme et à ses parents, toutes placées un peu n’importe comment, à défaut de ne pas avoir fait le ménage dans le coin depuis la chute de son grand-père devant chez lui.

-Sooo are you ready to watch a really bad movie? Again?
-Oh que oui.

Les deux compagnons descendirent d’un bon pas dans le sous-sol, empressés de commencer leur visionnement, et Marion éteignit la petite radio noire au passage. Le film devait être commencé depuis quelques minutes déjà, et Marion ne s’empêcha pas de passer le commentaire à Vincent, histoire de tourner le couteau dans la plaie et de l’emmerder encore au sujet de son retard.

Bien sûr, lorsque la petite bande –habituellement de quatre- se réunissait ainsi, il était bien évident qu’ils passaient la majorité du temps à parler par-dessus le film et à le critiquer plutôt qu’écouter le message profond qu’il tentait de transmettre à la population. Le film était plus un prétexte pour rêver de conspiration, ne serait-ce le temps d’une soirée. Marion appelait cela « une guérison de l’âme », de pouvoir échapper à la réalité pendant quelques heures et planifier quel enfoiré du gouvernement devrait y goûter en premier. Ce soir, le sujet était légèrement différent, par contre.

-Tu penses que Cam et Legan pensent à nous, là où ils sont?, demanda Marion, rêveuse, le regard fixé sur une croustille qui allait bientôt rendre son estomac très content.
-Probably not. Ils sont sûrement en train d’avoir du fun sans nous, dans un endroit super chaud, en train de prendre le soleil.
-Ouais…

Quelque chose la tourmentait tout de même.

-Ils ont de la chance, d’aller aussi loin pour un voyage de fin d’année. J’veux dire, notre voyage à nous était minable.
-Hah. Don’t even mention it.

Une pensée irréelle, une crainte absurde.

-Ça semble presque trop beau pour être vrai.

Un ton amer.

-Yeah.

Une voix un peu trop lourde de sous-entendus.

Elle allait renchérir qu’il était totalement ridicule que cette pensée puisse leur avoir effleuré l’esprit, que Cameron, Legan et tous les autres allaient bien.

Ils allaient bien.

Le bruit du téléphone.

La brunette tourna la tête brusquement vers l’appareil, les sourcils froncés, l’air ennuyé de se faire déranger dans ce moment des plus inopportuns. Elle jeta un vif coup d’œil à Vincent, qui avait un sourcil haussé, intrigué, et une chips dans la bouche. Elle haussa les épaules en le regardant, lui signifiant qu’elle n’avait pas la moindre idée de qui il pouvait bien s’agir.

-Probablement tes parents.
-Possible. Ils ont dit qu’ils allaient m’appeler. Mais ils appellent plus tard que ça, d’habitude. Whatever.

Elle se leva, appréhensive, et rejoignit l’objet qui ne cessait de se plaindre. Il lui fallut quelques secondes pour se décider à décrocher le combiné, comme si elle attendait de mauvaises nouvelles. Elle avait envie de se traiter de stupide, qu’elle angoissait certainement pour rien, que ce mauvais pressentiment qui ne la quittait plus depuis que deux de ses meilleurs amis avaient quitté la ville il y avait de cela deux jours était fondé sur une peur folle, qui ne faisait aucun sens. Marion accota tout de même son oreille au téléphone et prit une grande inspiration.

-Allô?

La personne ne lui répondit pas tout de suite.

-Marion..?

Elle reconnaissait cette voix, elle l’avait entendu tant de fois l’appeler par son nom, que ce soit pour la gronder lorsqu’elle était petite, après avoir fait une connerie avec son meilleur ami de toujours, ou pour la saluer chaleureusement lorsqu’elle s’invitait elle-même chez lui, pour voir celui qui avait toujours été là pour elle, la personne qu’elle aimait le plus. Sa personne favorite. La voix au bout du fil n’avait cette fois pas un ton sévère, ni joyeux. Elle semblait vide, épuisée. Triste.

-Oui, c’est moi. Qu’est-ce qu’il y a, Paul?

La voix de Paul la fit encore une fois attendre. Beaucoup trop longtemps.

-Paul?

Elle entendit Vincent se lever loin derrière elle, anormalement loin. Les murs de la pièce bougeaient autour d’elle, son cœur résonnait dans ses oreilles. Elle savait. Elle savait pourquoi il l’appelait. Elle avait eu raison tout ce temps. Merde, elle avait raison. Le cœur au bord des lèvres, la tête étourdie, une tempête dans son cerveau, elle attendait toujours une réponse, un rire, un de ses fameux rires qu’il faisait toujours lorsqu’il lui comptait une blague. Mais le rire ne vint jamais et elle entendit un faible reniflement, puis la voix soudainement méconnaissable enchaîna.

Et le reste de la conversation, elle ne s’en rappellerait pas.

Une main tremblante, sa main, se plaqua très fort contre sa bouche, un « non » faible franchissant la barrière de ses lèvres. Son autre main lâcha prise bêtement et le téléphone tomba sur le sol, ne se brisant toutefois pas. Elle n’entendit pas la chute. Elle n’entendait pas Vincent l’appeler, ne voyait pas son visage inquiet à quelques centimètres du sien, ne sentait pas ses mains fermes sur ses épaules. Il n’y avait plus rien autour d’elle, plus rien en elle. Plus rien sauf cette putain de peur qui grandissait à vue d’œil, ce désespoir si puissant qui l’engloutissait entièrement. Un cillement assourdissant lui heurta les oreilles et une envie de vomir la fit perdre l’équilibre, retenue de justesse par Vincent qui criait son nom, qui la secoua brusquement pour la faire revenir à la réalité.

-Les ostis…, prononça-t-elle faiblement.
-Quoi?! Marion qu’est-ce qu’il y a?

Elle se défit de la poigne de Vincent, ne se sentant pas pour autant moins malade.

-Ils ont été choisis.

Marion vit le regard de son ami changer drastiquement. Il venait de comprendre. Le visage qui était quelques minutes auparavant illuminé par une expression hilare était maintenant de glace, figé. Quelque chose venait de se briser en lui, en elle aussi, quelque chose qui ne pourrait jamais être réparé sans doute. Vincent alla calmement raccroché le téléphone, Paul n’étant plus à l’autre bout de la ligne de toute façon, ayant sans doute deviné qu’elle ne dirait plus un mot, puis se dirigea à nouveau vers le sofa, s’y assis.

Il fixait un point au mur, le vide, dans un silence complet, sans vie.

Et Marion s’écroula sur le sol, et Vincent resta de pierre. Les épaules de la jeune femme, secouées de sanglots violents, celles du jeune homme parfaitement immobiles.

Marion ne voyait plus grand-chose au travers de ses larmes qui tombaient déjà sur le plancher, silencieusement. Elle ne distinguait que la couleur beige du plancher, sur lequel reposaient ses poings fermés si fort, ses ongles renfonçant dans sa peau, et les jointures blanches. Le désespoir et la peur se mêlaient à la colère, alors qu’elle se répétait le même mot en répétition, pour elle seule, comme un mantra, « Non, non, non, non… » Pas eux. Pas lui. Des images de leurs visages souriant défilèrent devant ses yeux à une vitesse folle, un film muet leur rendant hommage. Elle revoyait Cameron tout jeune, qui lui avait maladroitement confessé avoir un faible pour elle, Cameron trois ans plus vieux qui riait de cette passe de sa vie. Legan assis à son piano, jouant une chanson interdite, chantant de sa si belle voix, Legan qui riait à une de ses blagues, un vague souvenir de ce sentiment fier d’être une des seules personnes qui pouvaient lui décrocher un rire si sincère. Cameron, quelques temps auparavant, qui lui souhaitait un joyeux anniversaire. Elle revoyait ses deux amis marcher tout juste devant elle, un de ces samedi après-midis passé en ville en automne, à la température douce et agréable, le genre de journées qu’elle aurait pu apprécier encore plus, si seulement elle avait su…

Un cri fort, lui écorchant les cordes vocales, sortit tout droit de sa bouche. Elle avait mal partout, aux mains, à la gorge, au cœur, à la tête, aux yeux. La douleur la fit bondir sur ses pieds, et elle renversa sur le sol tout ce qui se trouvait sur la petite table de salon, croustilles, boissons, magazines. La table prit elle aussi un bon coup sur le flanc et se retrouva renversée en moins de deux. Elle n’entendait pas le bruit des meubles qui tombaient, seulement les cris qu’elle poussait à chaque effort et le bruit de ses pleurs. Ce fut ensuite un cadre, puis le téléphone qui se fit lancer sur un mur, du plus fort qu’il lui était possible. Elle avait si mal et elle avait envie de faire mal à son tour. Faire mal à ce stupide acteur qui ne savait pas jouer la comédie dans son écran. Insupportable. Elle lui lança au visage la première chose qui lui était tombé sous la main. Un bol. L’écran se craqua et devint noir.

-LES TABARNACK!

Sa voix étranglée par le flot de ses émotions et de ses larmes fit vibrer la pièce.

Vincent était, lui, toujours aussi immobile.

Marion passa dans la pièce comme une tornade et prit un certain temps à réaliser qu’elle s’était coupé la main contre un quelconque objet, cela n’avait pas d’importance. Une nouvelle douleur, cette fois physique, la fit crier de plus bel et la fit arrêter de renverser, cogner, lancer tout sur son passage, le temps de réaliser que c’était bien son propre sang qui coulait le long de ses doigts, qui s’égouttait sur le plancher et elle ne put s’empêcher de penser à leur sang à eux, sur le sol.

Et elle se sentit à nouveau effrayée et toute petite, minuscule, sans défense. Perdue.

Elle se laissa tomber à son tour sur le sofa, aux côtés d’un Vincent muet, paralysé.

Son visage crispé tomba entre ses mains ensanglantées –elle ne savait plus comment le liquide rouge morbide s’était retrouvé sur l’autre main- et se laissa aller à ses larmes.
Le brun se leva lentement, inexpressif, les yeux fixé sur le même point que plus tôt. Il s’avançait en sa direction, n’entendant plus rien d’autre que les battements de son cœur endolori, son poing serré. Le mur lui semblait si loin et pourtant arrivait si vite devant lui.

Il leva le poing.

Et frappa.

Une, deux fois.

Pour le gouvernement.

Trois, quatre fois.

Pour tous ces enfants qui périssaient chaque année.

Cinq, six fois.

Pour eux.
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